Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nos ancêtres dans La Grande Guerre
29 juin 2016

Havel Emile Aspirant de 52 ans du 19émeRI

HAVEL Emile, Edmond, Ernest Arthur, Bon, Martial  classe 1894

Mort Pour La France le 17 avril 1916 Douaumont (Meuse)

Il nait à Hambye le 21 novembre 1864 au village de la Cave chez son Grand-père maternel  Martial Barbey, ancien Notaire, 66 ans. Ce dernier déclare à sept heures et demie du soir en présence de Pierre Alphonse Niobey, Chevalier de l’Ordre Impérial de la Légion d’Honneur, Maire, la naissance en son domicile, le jour d’avant-hier, d’un enfant né du légitime mariage de Monsieur Arsène, Aimé, François Havel, âgé de 30 ans, Maitre Répétiteur au Lycée Saint-Louis à Paris où il est domicilié et de Madame Cécilia, Henriette, Adèle Barbey, âgée de 34 ans, son épouse domiciliée à paris ainsi que l’enfant.

Six prénoms sont enregistrés : Emile, Edmond, Ernest, Arthur, Bon, Martial. Les témoins sont le secrétaire Instituteur Etienne  Montabert et le Garde-champêtre Victor Beaufils.

Il se marie le 29 septembre 1909 à Brest avec Marguerite, Louise Kerdraffé.

Il est incorporé à Laval « Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 21 août1914 à la Mairie de Laval au titre du 19éme Régiment d’Infanterie, arrive au Corps le 22 aout 1914. » Il est Caporal le 1 er janvier 1915, Sergent fourrier le 14 juin 1915, Adjudant le 15 octobre 1915, Nommé sous-lieutenant  de réserve à titre temporaire sur décision du général en Chef du 9 janvier 1916. Nomination ratifiée par Décision Ministérielle en date du 14 janvier

Son signalement est : Cheveux et sourcils châtains, front large, yeux marrons, nez rectiligne, visage ovale,  taille 172 cm.

Il rejoint son régiment aux Armées le 14 novembre 1914 à Bazentin-la-Boisselle (Somme) , c’est la vie des tranchées, les combats  y sont féroces, il a l’occasion de se distinguer, il faut empêcher l’Allemand dans sa course à la mer.

« Le 17 décembre

Le général de Castelnau devait agir en direction générale de Combles, le 11e corps d'armée attaquant sur Ovillers et La Boisselle, la 53e division de réserve sur Montauban et, ultérieurement, sur Contalmaison. Bien que les brèches dans les réseaux ennemis ne fussent pas complètes, l'opération fut décidée pour 6 heures, le 17 décembre, sans préparation d'artillerie, pour obtenir le bénéfice de la surprise.

D'un premier élan, le 19e régiment d'infanterie atteint la lisière nord d'Ovillers et le bataillon du 118e se jette dans le cimetière de La Boisselle. Malheureusement, un feu intense d'artillerie balaie tout le plateau à l'ouest d'Ovillers et le fond du ravin 92.

Nos réserves ne peuvent approcher. Dans la nuit, les débris des formations d'attaque se replient sur nos lignes, sauf à La Boisselle où nous conservons le cimetière. A la 53e division, notre infanterie, dans un élan superbe, enlève et dépasse sur plusieurs points la première ligne des tranchées ennemies vers Mametz et au nord de Maricourt : nous repoussons de violentes contre-attaques allemandes débouchant du bois de Bernafay et de l'est de Mametz; mais notre progression est arrêtée.

Nos gains n'étaient nulle part en rapport avec les lourdes pertes subies. Nous nous heurtions toujours à des lignes de soutien, flanquées par des mitrailleuses »

 Citation à l’ordre de la Division le 21 septembre 1915 : « Professeur Agrégé de l’Université enseignant au Lycée de Brest, engagé volontaire pour la durée de la guerre à l’âge de 51 ans depuis le 22 août 1914, au front depuis le 14 novembre 1914 et sur sa demande expresse. A acquis depuis cette date des connaissances telles qu’il a été successivement nommé Caporal, Sergent Fourrier, (n’avait jamais été soldat, ayant bénéficié de la loi de 1892). Versé dans une compagnie combattante a participé avec cette dernière à l’attaque des tranchées ennemies d’Ovillers-la-Boisselle le 17 décembre 1914. S’y est fait remarquer par sa volonté, son calme et sa belle attitude au feu. Gradé d’une très grande modestie à l’occasion des félicitations qui lui étaient adressées par ses chefs et pour le bel exemple qu’il donne à tous, a répondu : Je ne fais que mon devoir ! »    

   Le 17 décembre 1914, le 19e régiment d'infanterie partait à l'assaut du village d'Ovillers. Combat où le régiment a 302 soldats  tués et plus de 800 blessés ou fait prisonniers.             

Jusqu’en juillet le 19éme RI se bat dans la Somme puis rejoint l’ensemble des Régiments se préparant à la grande offensive en Champagne, septembre 1915.

Au nord de Perthes, nos contingents savoyards et dauphinois du 14e Corps d'Armée parvinrent à midi sur les pentes de la cote 193.

Dans cette lutte, le 19e régiment d'infanterie se fit remarquer par sa fougue et son esprit de sacrifice. Ses vagues d'assaut s'emparèrent rapidement des premières lignes allemandes, et, par le ravin de la Goutte, coururent vers Tahure dont les abords présentaient de terribles difficultés.

 

En 1916  le 19éme RI est engagé dans la bataille de Verdun pour les mois de mars et avril. Il est à la tête d’une compagnie, il est tué à l’ennemi le 17 avril 1916 devant Douaumont dans une contre attaque menée dans le ravin de la mort, le Ravin de la Dame.

Cité à l’Ordre de la Division le 7 mai 1916 : «  Engagé volontaire de 52 ans a toujours été pour tous un exemple de courage et de sacrifice. A trouvé la mort glorieuse qu’il désirait en exhortant au calme et à la bravoure sa compagnie fortement éprouvée »

Le JMO du 19éme RI est disparu, du moins je n’ai pu le lire. Dommage, j’aurais pu avoir connaissance des circonstances de la mort d’Emile Havel et de ses nombreux camarades de combat dans ce Ravin de la Dame, situé au Sud-est de Douaumont, au pied de l’ouvrage de Froideterre.

Le 15 avril, trois bataillons du 36e régiment d'infanterie et des éléments du 12e enlevaient 160 prisonniers et 2 mitrailleuses entre la Caillette et la Fausse-Côte.

Le 18, un coup de main nous permettait de progresser jusqu'à la lisière du bois des Caurettes.

le 19, trois bataillons (du 15e, du 154e et du 306 e régiment d'infanterie) faisaient 150 prisonniers sur le Mort-homme, en avant de la cote 295.Sans doute, l'Allemand ripostait : il lançait, le 22, une division toute entière, la 43e division d'infanterie, à l'assaut de nos positions sur ce même Mort-Homme; il renouvelait ses attaques le 30 avril et les jours suivants; mais la muraille résistait à tous les coups de bélier. La terre de Verdun devenait un champ de mort effroyable, où les deux Armées s'écrasaient sur place. Et il devait en être ainsi huit mois encore.

« Combien de violentes attaques allemandes repoussâmes-nous, cette nuit-là? Je l'ignore, mais je sais que ce fut horrible ! Les abris et les boyaux regorgent de morts et de blessés. Les brancardiers, une fois de plus, ne suffisent pas à la besogne.

« Le jour vient enfin arrêter le combat mais nous recommencerons la nuit suivante. »

Un avis officiel du Ministére  de la Guerre est expédie à la famille. Le décès est fixé au 17 avril  1916 par jugement déclaratif rendu le 24 octobre 1917 par le Tribunal de Brest et transcrit à Brest le 8 novembre 1917...

Nous n’avons point d’information sur le lieu de sa sépulture. Nous supposons que les restes de Emile Havel font partie de cette terre et chair  éparpillées sur le champ de bataille de Verdun et ses ossements se trouvent rassemblés dans la Nécropole Nationale de Douaumont avec ses milliers de soldats inconnus…

La famille Havel fait partie des Notables de Hambye, fin 1800 et début 1900. Leur maison du village de la Cave est une belle gentilhommière avec un parc fort bien arboré.

Avec mon père, appelé pour réparer une fenêtre du grenier, je suis monté ainsi  dans cette espace comblé de livres, de journaux, de nombreux ustensiles et surtout des archives notariales de Maitre Barbey. Il y avait dans ce bazar l’enseigne des Notaires, deux plats renversés  dorés.

Martial Havel est le frère ainé d’Emile, tué en avril 1916, il se marie le 23 avril 1889 à Hambye. Naitra de ce couple en 1901 Marc Havel que nous connaissons et ses enfants dont deux sont revenus vivre à Hambye dans les années 80.

 

Nous lisons l’acte de mariage:

«  Devant nous, Jules, Armand Pignollet, maire, à dix heures trente se présentent…

Martial, Arsène, Rodolphe, Georges, Edgar Havel, 26 ans, professeur au Lycée de Laon(Aisne). Fils de : Arsène, Aimé, François Havel, 55 ans, professeur au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe), Chevalier de la Légion d’Honneur.                                                                                       Et de Cecilia, Henriette, Adèle Barbey, sans profession, 48 ans, domiciliés à La Flèche.

Adèle Niobey, sans profession, née à Paris le 23 mars 1863 et domiciliée à Hambye.            Fille de : Pierre Alphonse Niobey, 72 ans, Docteur en médecine, Chevalier de la Légion d’Honneur.                                                                                                                                                , Et de Marguerite, Victoire, Marie Leprêtre, 47 ans, sans profession, domiciliés à Hambye. »

Nous poursuivons avec les témoins :                                                                                                           Martial, Arthur, Georges Barbey, 23 ans, Avocat, domicilié à Paris, cousin du futur.          Emile, Ernest, Edmond, Bon, Martial, Arthur Havel, 24 ans, professeur domicilié à Vire, frère du futur. Gustave, Isidore Thomas, 24 ans, sans profession, domicilié à Ouville, cousin de la future. Gustave, Joseph, Alexandre Niobey, 24 ans, sans profession, frère de la future.  

Suivent les signatures des époux, des témoins, des parents et des amis.

A noter que Cécilia Havel, mère, a ajouté née Barbey.

 Adèle Niobey était la marraine de son jeune frère Eugène, né le 29 janvier 1872, l’abbé puis le Chanoine Niobey. Il célébrait sa première messe le 27 décembre 1896 dans l’église de Hambye.                                          En 1889 Eugène était au collège diocésain de Saint-Lô, élève de seconde, il entrera au Grand Séminaire de Coutances en 1892, année de la mort de son père.

 

 

Entrée dans le « Ravin de la Dame »  au pied de l’ouvrage de Froideterre aujourd’hui avec ses milliers trous d’obus, nous sommes proches de l’Ossuaire de Douaumont. Des sapins sont plantés dissimulant les traces de la bataille.

Un témoignage des combats pour la reprise du Fort de Douaumont :

« Au-delà, le travail de notre artillerie lourde, courte et longue, et de nos 75, pour être différent de celui de l'artillerie de tranchée, n'avait pas été moins terrifiant. « La zone crapouillotée une fois dépassée, dit encore le lieutenant Petit, le décor change ; nous nous trouvons dans le Sahara. C'est un véritable désert au travers duquel nous avançons »

« Le sol est nivelé par les obus, sa surface est recouverte de matériaux de toutes sortes, brisés, pulvérisés : havresacs boches, fusils, casques, équipements, bottes, débris humains, un bras!           Une jambe ! Une tête!... tout est haché ... »

 

Une boîte à bonbons…Les Havel du village de la cave 1918

 

Un jour, j’avais huit ans environ, mon père de son très beau jardin légumier me remit deux belles laitues pour madame Havel.

Papa prenait grand soin de son jardin, il arrosait l’été avec un grand arrosoir.

Il prenait l’eau à l’abreuvoir. Il avait une belle planche de laitues à ce moment là. Il me dit : « Va porter ces deux salades chez Monsieur Martial Havel ! »

Ils étaient en vacances, Martial Havel était professeur émérite à Laval, c’était un

Monsieur. Marc, son fils, était déjà un grand jeune homme, en vacances également avec ses parents. Je l’ai vu jouer et galoper avec Georges et Henri Gravey, nos voisins.

Je fus donc porter ces deux laitues à madame Havel, j’étais très timide à en

être bête. Je remis les deux belles salades et pour me remercier, elle me donna une vieille boite à bonbons, un peu rouillée, qui traînait sans doute au fond d’un placard, une grande boîte, genre boîte chocolat Poulain, en plus laid.

En revenant j’ai gratté un ou deux bonbons collés au fond du récipient rouillé,

Je les ai crachés aussitôt, tant ils étaient mauvais.

Maman me dit : « Montre-moi cette boîte ! » Quand elle vit les quelques bonbons à

moitié fondus et collés au fond, elle jeta de colère la boîte dans le feu.

Elle ajouta : « Donner une boîte comme çà à une gamine, c’est honteux !

T’aurais pu t’empoisonner ! » Je lui avais dit qu’ils étaient mauvais de goût.

Madame pensait-elle bien faire ? Pour une gamine c’était assez bon !

Ces messieurs dames Havel, nous les considérions comme des « Seigneurs. »

Ils étaient riches et instruits. Il y avait à cette époque une très grande différence avec des petites gens comme nous. Tout leur était dû.

Cependant Monsieur Martial Havel aimait discuter avec mon père, lui, était beaucoup plus simple. Madame Havel était née Niobey, elle était la sœur du chanoine Eugène Niobey. La grande famille des Niobey des Monts. J’ai beaucoup entendu parler de cette famille par ma grand-mère, Virginie Levilly. Mon grand-père Auguste Levilly y allait travailler, Virginie aussi.

Tous les deux donc travaillaient chez les Niobey, ils étaient déjà au service de

Madame Mariette, la grand-mère de monsieur Jean Niobey.

Ce dernier, frère de Mme Havel, mourut très jeune, laissant quatre enfants en bas âges à sa jeune femme qui n’avait pas 24 ans.

Mes grands-parents nous entretenaient surtout de Mme Mariette, les Mariette étaient considérés comme des nobles, ils étaient riches, respectés. Mais après la guerre de 14-18 cette noblesse s’est émoussée et même « évaporée ».

Il y avait seulement à ma connaissance trois grandes familles, des gens qui en

imposaient, ils faisaient l’aumône aux pauvres, donnaient beaucoup de travail aux artisans, ils avaient des serviteurs nombreux.

Ces trois familles étaient : Les Niobey du village les Monts.

Les Hurel, grands-parents des Pouret

Les Carpon de la Colombière et du Bourg.

(Il y avait aussi Les Quesnel appelés les « Sapins. »)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Nos ancêtres dans La Grande Guerre
  • Avec le centenaire de14/18 je fais le portrait de tous les anciens combattants de mon village, ainsi à travers le parcours de chacun je voyage avec eux sur le front et je découvre la Bataille avec leur peur, leur souffrance...là où ils sont morts.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité